
Le Sakoku, qui signifie littéralement “fermeture du pays”, est une période fascinante de l’histoire japonaise qui a duré plus de deux siècles, de 1633 à 1853. C’est pendant cette période que le Japon s’est volontairement isolé du reste du monde, limitant sévèrement les échanges commerciaux et culturels avec les pays étrangers.
Cet isolement radical avait pour origine une série de facteurs complexes. Les dirigeants japonais, notamment le shogun Tokugawa Ieyasu, étaient inquiets face aux ambitions expansionnistes des puissances européennes, notamment celles du Portugal et de la Hollande, qui cherchaient à établir un pied-à-terre commercial dans le pays.
De plus, les bouleversements religieux causés par l’arrivée du christianisme au Japon avaient semé la discorde et menacé la stabilité du régime en place. Le shogunat craignait que la propagation de cette nouvelle religion ne fasse basculer l’équilibre social et politique du pays.
En conséquence, le gouvernement japonais mit en place une série de mesures strictes pour mettre fin à toute interaction avec l’extérieur. Les ports japonais furent fermés aux navires étrangers, sauf celui de Nagasaki, où les Néerlandais et les Chinois pouvaient commercer sous une surveillance stricte. Les Japonais étaient interdits de voyager à l’étranger, et tout contact avec des étrangers était puni sévèrement.
Le Sakoku ne fut pas sans conséquence sur la société japonaise. Cette période d’isolement a permis au Japon de développer une identité culturelle unique et de préserver ses traditions ancestrales. Cependant, cela a également entravé le progrès scientifique et technologique du pays, qui restait à l’écart des innovations européennes.
Daimyo: Seigneurs Féodaux au Temps de la Guerre Civile
Le Sakoku n’aurait pas été possible sans la consolidation du pouvoir par le shogunat Tokugawa. Avant cette période, le Japon était divisé en plusieurs fiefs gouvernés par des seigneurs féodaux appelés daimyos.
Ces daimyos étaient des figures puissantes qui contrôlaient des territoires considérables et commandaient des armées privées. Ils étaient souvent engagés dans des luttes de pouvoir intestines, menant à une période turbulente connue sous le nom de “Période Sengoku”, signifiant littéralement “époque des provinces en guerre”.
Chaque daimyo entretenait un complexe réseau d’alliances et d’ennemies, changeant constamment d’orientation politique afin de préserver son influence. Les guerres incessantes engendraient une grande instabilité sociale, paralysaient le développement économique et décimaient la population.
Parmi ces daimyos importants, se trouve Date Masamune, un guerrier redoutable connu pour son ambition sans borne et son oeil borgne qui lui valut le surnom de “le Dragon d’un Oeil”.
La Reconstruction du Japon sous le Shogunat Tokugawa
Le shogun Tokugawa Ieyasu, après des décennies de guerres incessantes, réussit à unifier le Japon en 1603. Il établit un nouveau système politique centré sur le pouvoir du shogun, un chef militaire qui détenait l’autorité suprême.
Pour garantir la stabilité et éviter les conflits futurs, Tokugawa instaura une série de politiques strictes pour contrôler les daimyos.
-
Système de résidence alternée (Sankin-kōtai) : Pour empêcher les daimyos de se rebellerer, Tokugawa exigea qu’ils résident alternativement dans leur fief et à Edo (actuellement Tokyo), la capitale du shogunat. Cette mesure garantissait une présence constante des daimyos sous le contrôle du shogunat, limitant ainsi leur pouvoir et leurs capacités d’action.
-
Contrôle sur les armes: Le shogunat limita sévèrement la possession d’armes par la population en général, réduisant ainsi la possibilité de rébellions populaires.
-
Système de classes sociales rigides: La société japonaise fut divisée en quatre classes distinctes: guerriers (samouraïs), paysans, artisans et commerçants. La mobilité sociale était limitée, renforçant le pouvoir du shogunat et l’ordre social établi.
Date Masamune : Un Seigneur Féodal Ambitieux
En pleine période Sengoku, Date Masamune émergea comme un daimyo puissant dans la région du Tohoku, au nord du Japon.
Connu pour son caractère ambitieux et sa volonté de fer, il consolida rapidement son territoire face à des adversaires redoutables. Son armée était réputée pour son efficacité et sa discipline, jouant un rôle crucial dans ses nombreuses victoires.
Date Masamune était également connu pour sa vision politique et diplomatique. Il comprenait l’importance d’allier le pouvoir militaire à une stratégie intelligente.
Il établit des relations diplomatiques avec les daimyos voisins et maitrisait l’art de la négociation, ce qui lui permit de s’imposer comme un acteur majeur dans le contexte politique chaotique de son époque.
Son oeil borgne, résultat d’une blessure de guerre, devint un symbole distinctif de sa personnalité audacieuse et de son statut unique parmi les daimyos. Il se fit construire un château imposant à Sendai, aujourd’hui considéré comme un trésor architectural précieux, témoignant de sa grandeur et de sa puissance.
Date Masamune et le Sakoku: Deux destins parallèles
Bien que Date Masamune ait vécu avant l’instauration du Sakoku, son histoire offre un regard fascinant sur la période qui précéda cette époque d’isolement.
Son ambition sans limites et ses victoires militaires illustrent la complexité de la vie politique au Japon avant le shogunat Tokugawa.
Le Sakoku, malgré ses limitations, permit à la culture japonaise de s’épanouir dans un contexte relativement stable. Toutefois, il contribua également à retarder l’ouverture du Japon aux avancées technologiques et scientifiques du monde extérieur.