
En examinant l’histoire politique tumultueuse de l’Éthiopie, un événement récent se distingue par sa signification potentielle : l’élection présidentielle de 2021. Cet épisode a vu la victoire du Dr Abiy Ahmed Ali, Premier ministre depuis 2018 et prix Nobel de la paix 2019.
La campagne électorale fut marquée par une effervescence inédite dans le paysage politique éthiopien. Après des décennies de domination d’un régime autoritaire, le peuple avait enfin l’opportunité de s’exprimer librement. Les partis politiques, longtemps réduits au silence, ont pu enfin présenter leurs programmes et mobiliser leurs partisans.
Il est important de noter que cette élection était un processus complexe et imparfait. De nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer des irrégularités et une pression exercée sur certains candidats. La situation sécuritaire dans certaines régions du pays, notamment en Tigré, a également posé des défis à la tenue d’une élection libre et équitable.
Malgré ces obstacles, l’élection présidentielle de 2021 a marqué un tournant significatif pour l’Éthiopie. La victoire du Dr Abiy Ahmed Ali a été saluée par de nombreux observateurs internationaux comme une preuve tangible de l’engagement du pays vers la démocratie. Son mandat a connu des moments forts, notamment la libération de prisonniers politiques et la promulgation d’une nouvelle loi sur les médias.
Cependant, il est prématuré de déclarer que l’Éthiopie a franchi définitivement le seuil de la démocratie. De nombreux défis persistent. L’instabilité politique persiste dans certaines régions du pays, et des violations des droits humains continuent d’être dénoncées. La gestion de la crise en Tigré reste un défi majeur pour le gouvernement Abiy.
Il est crucial de rappeler que la transition démocratique est un processus long et complexe qui ne se réalise pas du jour au lendemain. L’élection présidentielle de 2021 n’est qu’une étape dans ce long cheminement. Le succès final dépendra de nombreux facteurs, notamment de la volonté politique des dirigeants éthiopiens, de l’engagement de la société civile et du soutien de la communauté internationale.
Le Contexte Historique:
L’Éthiopie a connu un parcours politique mouvementé depuis son indépendance en 1896. Après une période d’empire sous Menelik II et Hailé Selassié, le pays a été confronté à des coups d’État et à la dictature du Derg (1974-1991). La chute du régime marxiste a ouvert la voie à un nouveau système politique fédéral basé sur des régions ethniques.
Les Réformes d’Abiy Ahmed Ali:
Élu Premier ministre en 2018, Abiy Ahmed Ali a engagé une série de réformes audacieuses visant à démocratiser le pays et à promouvoir la réconciliation nationale. Parmi les mesures clés :
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Libération des prisonniers politiques: Des milliers de détenus considérés comme opposants politiques ont été libérés.
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Ouverture politique: De nouveaux partis politiques ont été autorisés, permettant une plus grande pluralité sur la scène politique.
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Réforme judiciaire: Des efforts ont été entrepris pour renforcer l’indépendance du système judiciaire et garantir un accès équitable à la justice.
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Résolution des conflits: Abiy Ahmed Ali a œuvré pour trouver des solutions pacifiques aux vieux conflits ethniques, notamment en concluant un accord historique avec l’Érythrée, mettant fin à deux décennies de guerre.
Les Défis de la Démocratie en Éthiopie:
Malgré les progrès réalisés, la démocratisation de l’Éthiopie reste confrontée à de nombreux défis:
- Instabilité politique: Les tensions ethniques persistantes dans certaines régions du pays menacent la stabilité nationale.
- Violations des droits humains: Des cas de violence, d’arrestations arbitraires et de restrictions sur la liberté d’expression ont été dénoncés.
- Corruption: La corruption reste un problème majeur qui mine la confiance en l’État et freine le développement économique.
Conclusion:
L’élection présidentielle éthiopienne de 2021 a marqué un tournant significatif dans le parcours politique du pays, offrant un espoir fragile pour une démocratie durable. Cependant, il reste encore beaucoup à faire pour consolider les acquis et surmonter les défis qui persistent.
Le succès final dépendra de la volonté politique des dirigeants éthiopiens, de l’engagement actif de la société civile et du soutien constant de la communauté internationale.