
En examinant l’histoire tumultueuse de la Thaïlande, un événement crucial se détache : le soulèvement de 1932. Bien que souvent décrit comme une “révolution”, il s’agissait en réalité d’une prise de pouvoir habilement orchestrée par un groupe d’intellectuels et d’officiers progressistes, menés par Phraya Manopakorn Nititada (plus connu sous son nom anglais, Pridi Phanomyong).
Avant 1932, la Thaïlande était gouvernée par une monarchie absolue. Le roi Rama VII, alors jeune et inexpérimenté, régnait sur un pays en proie à de profondes difficultés économiques et sociales. Le système féodal archaïque empêchait le progrès économique, tandis que l’inégalité sociale engendrait des tensions croissantes.
C’est dans ce contexte tumultueux que Phraya Manopakorn Nititada et ses complices ont vu l’opportunité d’une transformation radicale. Pridi Phanomyong, un juriste brillant ayant étudié à l’étranger, était convaincu que seule une monarchie constitutionnelle pourrait sauver la Thaïlande de sa stagnation.
Ensemble, ils ont formé le Khana Ratsadon (Parti du peuple), un mouvement clandestin composé d’officiers progressistes, d’universitaires et d’hommes d’affaires éclairés. Ils étaient déterminés à mettre fin à l’absolutisme royal et à établir une forme de gouvernement plus démocratique.
Le 24 juin 1932, le Khana Ratsadon a lancé un coup d’état quasi silencieux. Ils ont occupé les principaux bâtiments gouvernementaux de Bangkok sans effusion de sang, mettant ainsi fin à deux siècles de règne absolu des rois thaïlandais. Ce changement drastique, pourtant réalisé avec une efficacité presque déconcertante, a bouleversé l’ordre établi et ouvert la voie à une nouvelle ère pour le royaume.
Le soulèvement a été suivi par l’instauration d’une constitution permanente en 1932, qui a introduit un système parlementaire et garanti les libertés civiles de base. Le roi Rama VII a accepté de devenir chef de l’État constitutionnel, partageant le pouvoir avec une assemblée élue.
Les répercussions du soulèvement
Le soulèvement de 1932 a eu des conséquences considérables pour la Thaïlande.
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Fin de l’absolutisme: Le soulèvement a marqué la fin de l’absolutisme royal en Thaïlande, ouvrant la voie à un système politique plus démocratique.
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Début du modernisme: Le changement de régime a contribué au développement économique et social du pays. La constitution de 1932 a permis la mise en place de réformes progressistes dans l’éducation, la santé et les infrastructures.
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Instabilité politique: Malgré les progrès importants réalisés, le passage à un système parlementaire n’a pas été sans heurts. Les années qui ont suivi le soulèvement ont été marquées par une certaine instabilité politique, avec des coups d’État militaires récurrents.
L’héritage de Pridi Phanomyong
Pridi Phanomyong est considéré comme l’une des figures les plus importantes de l’histoire de la Thaïlande. Son rôle dans le soulèvement de 1932 et sa vision pour une Thaïlande démocratique ont profondément façonné l’identité du pays.
Après le soulèvement, Pridi Phanomyong a occupé plusieurs postes importants au sein du gouvernement, notamment celui de Premier ministre. Il a joué un rôle crucial dans la rédaction de la constitution de 1932 et dans l’élaboration des premières lois visant à moderniser la société thaïlandaise.
Malgré son immense contribution, Pridi Phanomyong a été contraint à l’exil en 1946 après une période d’instabilité politique. Il est décédé en 1983, laissant derrière lui un héritage complexe et controversé.
Le soulèvement de 1932 : Une leçon pour le présent ?
L’histoire du soulèvement de 1932 nous rappelle la puissance des idées progressistes et de l’engagement citoyen dans la transformation d’une société. Bien que le chemin vers la démocratie soit rarement linéaire, les événements de 1932 témoignent de la capacité d’un peuple à s’engager pour un avenir meilleur.